Bruno Foeglé

Né en 1964 à Bitche

Etudes à l'université d'arts plastiques de Strasbourg

Titulaire du Capes d'arts plastiques

 

        " J'ai toujours eu le sentiment que l'insignifiant et le dérisoire avaient une place de choix dans les champs complexes de l'art.
        Aussi, une vieille planche, des signes laissés par les bûcherons sur les troncs d'arbres, des photos glanées au hasard de quelques pérégrinations, d'anciennes cartes topographiques peuvent de fait constituer le ferment de mon inspiration. 

       Je m'intéresse aussi à la matière, son rendu, ses aléas...J'utilise des matériaux bruts qui ne sont à priori pas prévus pour la création artistique comme le mortier ou la chambre à air. Matériaux que dans un premier temps je malmène, avant d'en souligner la beauté en exploitant et en mettant en valeur les moindres « accidents de surface ». Ce n'est qu'après que j'utilise réellement la peinture rehaussée de sable et de divers collages - chiffres, lettres et autres signes élémentaires. J'espère ainsi créer des petits systèmes visuels énigmatiques et poétiques qui nous engagent sur les chemins de l'imaginaire.

        Tout en poursuivant mes recherches "matériographiques" -le mot est de Dubuffet- , j'envisage ces derniers temps un retour à des compositions davantage figuratives en intégrant des images (dessins, photographies malmenées) prélevées ça et là dans divers ouvrages d'aventures et d'explorations, polaires notamment..."

 

 

       "Après des études universitaires d’arts plastiques à Strasbourg et l’obtention d’une licence et du capes,  je me suis orienté dans un premier temps vers l’enseignement tout en développant une pratique artistique personnelle qui englobe peinture, sculpture et installation qui m’a permis de gagner quelques prix dans des salons auxquels j’ai participé.

 

De ces premiers travaux ne reste pourtant que peu de traces…

 

       Un virage artistique est pris lors de ma rencontre avec Stephan Balkenhohl qui a élu domicile à Meisenthal au début des années 90 avec qui nous avons créé Artopie, centre de création artistique contemporain et expérimental dont je fut le président  fondateur de 2001 à 2006.

 

      Inscrit à la maison des artistes depuis 2004, je m’attache depuis cette période à trouver de nouvelles voies d’expressions et à remettre mon travail en question…

 

      Ainsi mes dernières tentatives mettent-elles en jeu d’étranges mécanismes alliés à des formes organiques dans une sorte de dialogue poétique entre quelques signes élémentaires glanés çà et là et un réel travail sur la matière et le matériau. J’essaie en définitive de tirer parti de rapprochements aussi incongrus que la juxtaposition dans un même espace de café et de chambre à air de voiture, de ciment, d’encre de chine, tout en biffant, raturant, talochant, maltraitant  la surface…  

 

      Au delà de l’aspect purement formel, je pense qu’il est encore possible aujourd’hui de créer une poésie visuelle à la manière d’un musicien lorsqu’il compose avec son matériaux sonore - La thèse de Kandinsky qui voyait la peinture comme de la musique pour les yeux a-t-elle tout dit?

 

      Je pense, qu’aussi bien l’avènement de la photographie n’avait pas signé la fin de la peinture figurative mais l’avait plutôt d’une certaine manière stimulée, la multiplicité des écrans lisses –au sens propre comme au figuré-sur lesquels nous posons quotidiennement nos regards aujourd’hui appelle comme contrepoint des « images » en matière.

 

      Lorsque je travaille j’essaie d’avoir à l’esprit deux choses.

 

      La première est une citation de Francis Ponge : « l’artiste doit ouvrir un atelier et prendre en réparation le monde comme il lui vient », c’est ce que je m’efforce modestement de mettre en pratique au jour le jour. La deuxième est « voyelles » de Rimbaud, poème qui me touche dans la mesure où à des signes de langage sont associées des sentiments, comme dans certaines forme d’autisme où des chiffres, signes abstraits par excellence, appellent des émotions.

 

     Chiffres, que j’affectionne particulièrement dans mes travaux et dont on peut mesurer, au-delà de leur simple fonction d’immatriculation, la charge poétique et la beauté formelle…

 

    Zapping blues...

 

         Enfin, ces diverses pratiques exploratoires m'engagent aussi sur le terrain du questionnement quant à la posture de l'artiste aujourd'hui.

        En effet,  comment tous les stimulis visuels, d'une prégnance considérable, issus des médias mais aussi de l'expérience directe (mobilité, comptemplation) auxquels nous sommes confrontés quotidiennement, peuvent-ils encore trouver une résonnance poétiques et cohérente au sein d'une démarche artistique ? Zapping blues dirons-nous...